Ordre religieux
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Lieux d'activité : Padoue, Agen


Notice biographique
: (Riva 23.VIII.1484-Agen 21.X.1558). Humaniste français d'origine italienne (Giulio Cesare Bordon, et selon lui Della Scala). Il a été amené en France comme médecin auprès d'Antonio della Rovere, évêque d'Agen, et devint ensuite français (1528) sous le nom de Jules César de l'Escale de Bordonis. On le décrit souvent comme l'un de ces "gladiateurs des lettres" du XVIe, violent, vain et prompt à l'exagération. Sa carrière est faite de retournements. Apparemment issu d'un milieu modeste (son père était un artisan du nom de Benedetto Bordon, bien qu'il aimait lui-même à se réclamer du lignage d'une noble famille véronaise, les Della Scala), on pense aussi qu'il entra brièvement dans un monastère franciscain à Venise vers 1505, puis commença par une vie de militaire (1509-1515), notamment comme page de l'empereur Maximilien Ier. Il étudia ensuite la philosophie à Bologne (notamment celle de Duns Scot) et la médecine à l'Université de Padoue (1519, docteur ès-arts). L'Université de Padoue lui offrit un poste, qu'il refusa. Il partit alors pour la France, où il arriva en 1524, et s'établit à Agen où il devint un médecin célèbre et respecté, et il fut même consul d'Agen (1532-33). Plus tard (1548-49), il devint également le médecin personnel du roi de Navarre. En lettres, il prit partie aux discussions au sujet du cicéronisme, et commença sa carrière d'humaniste par un ouvrage violent contre Erasme (1531). Il défendit la perfection absolute du style de Cicéron et dénonça Erasme comme un simple relecteur d'épreuves, et un parasite. Erasme resta silencieux. En 1536, Scaliger lança un autre discours, encore plus violent, et les deux furent combinés dans ses Orationes duae (1621). Il composa un ouvrage plus solide sous forme de son célèbre De causis linguae latinae (1540), dans lequel il analysait le style correct de Cicéron et indiqua 634 erreurs de Lorenzo Valla et de ses prédécesseurs. Dans la même lignée, il compte comme le premier auteur d'un traité de poétique systématique. Les principes de cet ouvrage sont dérivés de la Poétique d'Aristote, qu'il qualifie de "imperator noster; omnium bonarum artium dictator perpetuus". Contre Aristote, il estime que l'imitation (mimesis) n'est pas la base, mais seulement un moyen de la poésie. Il cherchait à établir une synthèse entre la poétique et la rhétorique classique. Il est à ce titre très influencé par les dialogues Phèdre et Ion de Platon, dont il prend l'idée d'une inspiration divine du poète. Il reprend également l'idée d'Horace de l'utilité morale de la poésie par opposition à la katharsis aristotélicienne. Il accorde la plus haute place de son échelle littéraire à l'Epos, et non à la tragédie. Il s'y illustra par certaines exagérations qui allaient contre l'esprit commun : il place ainsi Virgile au-delà d'Homère, et considère les oeuvres épiques d'Homère même comme inférieures au "Héros et Léandre" de Musaeus, un poète de la période byzantine. Scaliger aimait d'ailleurs s'identifier avec le Musaeus légendaire, qui était un disciple d'Orphée (Poet. V, 2). Il estimait également que Sénèque n'avait été surpassé en grandeur par aucun tragédien grec - un jugement qui eut une certaine influence, puisque cela explique l'appréciation très positive de Shakespeare ou de Corneille et de nombreux de leurs contemporains pour Sénèque. D'une manière générale, la poétique d'Aristote, qu'il voulait comme un fil conducteur pour la poésie néolatine, a surtout eu de l'influence dans la littérature en langue populaire des XVIIe et XVIIIe (en Allemagne, surtout Opitz et Gottsched). Scaliger fit également oeuvre de "naturaliste" avant la lettre. Il traduisit l'Histoire naturelle d'Aristote en latin, ainsi que les Insomnies d'Hippocrate. Il s'intéressait en particulier à la botanique, et démontra qu'il convenait d'abandonner la classification des plantes basées sur leur propriétés et d'en établir au contraire sur base de leurs caractéristiques distinctives. Ses Exercitationes exotericae de subtilitate (1557) discutent les problèmes scientifiques et métaphysiques soulevés par le De subtilitate rerum de Girolamo Cardano. Son fils, Joseph Juste Scaliger, devint également un humaniste et philologue illustre.


Bibliographie

  • Briquet, Eloge de J. Caesar Scaliger, 1812 & Nisard, Les gladiateurs de la République des lettres aux XVe, XVIe, et XVlle siecles (Paris, 1860), I, 305-400; & Jules de Bourrousse de Laffore, Jules-César de Lescale. Etude biographique (Agen, 1860); & Adolphe Magen, "Documents sur Jules-César Scaliger et sa famille", Recueil des travaux. Société d'agriculture, sciences et arts d'Agen 3 (1880), 161-276; & de Lintilhac, J. C. Scaligeri Poetica (Paris, 1887); & P.A. Saccardo, "La botanica in Italia", Memorie del Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti, 26 (1895), 148, and 27 (1901), 98; & E. Brinkschulte, Julius Caesar Scaligers kunsttheoretische Anschauungen und deren Hauptquellen (Diss. Bonn 1914); & V. Hall, Jr., "The life of Julius Caesar Scaliger (1484-1558)", Transactions of the American Philosophical Society, n.s. 40 (1950), 85-170; & J.H.C. Richards, "The Elysium of Julius Caesar Bordonius (Scaliger)", Studies in the Renaissance 9 (1962), 195-217; & Myriam Billanovich, "Benedetto Bordon e Giulio Casare Scaligero", Italia medioevale e umanistica 11 (1968), 187-256; & A. Buck / K. Heitmann / W. Mettmann, Dichtungslehren der Romania aus der Zeit der Renaissance und des Barock (Frankfurt/M., 1972); & C. Berger, Die Nachwirkungen der Poetik Julius Caesar Scaligers auf die Dramentheorie der "doctrine classique" (Bielefeld, 1975); & C. Balavoine / Pierre Laurens (ed.), La statue et l'empreinte. La poétique de Scaliger (Paris, 1986); & J. Cubelier de Beynac / Michel Magnien (ed.), Acta Scaligeriana (Agen, 1986, incl. bibliographie); & K. Jensen, Rhetorical Philosophy and Philosophical Grammar. J. C. Scaliger's Theory of Language (München, 1990); & Christoph Lüthy, "An Aristotelian Watchdog as Avant-Garde Physicist : Julius Cesar Scaliger", The Monist 84/4 (2001), 542-561. & Stefano Perfetti, "Giulio Cesare Scaligero commentatore e filosofo naturale tra Padova e Francia", in La presenza dell'Aristotelismo padovano nella filosofia della prima modernità, ed. Gregorio Piaia (Roma-Padova, 2002), 3-32.

Oeuvres imprimées
  • Oratio pro Cicerone contra Erasmum, Paris, 1531 ; Adversus D. Erasmum orationes duae eloquentiae romanae vindices cum auctoris opusculis, Toulouse, 1621.
  • De comicis dimensionibus, Lyon, 1539.
  • De causis linguae latinae libri XIII, Lyon, 1540 ; Lyon, typ. Pierre Saint-André, 1580 [Madrid BUC] ; Genève, 1580; 1623.
  • In duos Aristotelis libros de plantis libri II, 1556; 1598.
  • Poetices libri septem ad Sylvium filium, Lyon, typ. Antoine Vincent, 1561 [Madrid BUC] ; Leiden, 1581 ; Heidelberg, 1607. Reimpr. de l'édition de 1561 et traduction allemande dans : Poetices libri Septem/Sieben Bücher über die Dichtkunst, ed. L. Deitz / G. Vogt-Spira, Stuttgart-Bad Cannstatt 1994 ff.
  • Exotericarum exercitationum liber quintus decimus de subtilitate ad Hieronymum Cardanum, Paris, typ. Michel Vascosane, 1557 [Madrid BUC]; 1560 ; Hannover, typ. Wechelianis, sumptibus Clementis Scheichii & Petri de Zetter, 1634 [Madrid BUC].
  • Commentarius et animadversiones in VI libros de causis plantarum Theophrasti, 1566; 1584; 1598.
  • Primi tomi miscellaneorvm De Rervm causis & successibus atq. secretiori methodo ibidem expressa, Köln, 1570.
  • De sapientia et beatitudine libri VIII, 1573.
  • Aristotelis liber qui X. historiarum (animalium) inscribitur, latine et commentariis, 1584.
  • Poemata, Genève, 1574; Heidelberg, 1600.
  • Epistolae et Orationes , Leiden, 1600.
  • Opera diversa, Paris 1605; 1612;
  • Lettres grecques de J.-C. Scaliger à Imbert, ed. R. Dezeimeris, Bordeaux, 1877.

 

 

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