



a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z
Ordre religieux : S.J.
Lieux d'activité : Louvain, Rome
Notice biographique : (Montepulciano 1542 - Sant'Andrea 1621), neveu de Marcello Cervini, devenu le pape
Marcel II. Eduqué dans le collège jésuite nouvellement fondé de sa
ville natale, il rejoint la société en 1560, il étudia ensuite la
philosophie au Collège Romain, puis enseigna les humanités à Florence
et à Mondovi. En 1567, il commence les études de théologie à Padoue, et
les poursuit dès 1569 à Louvain, un lieu particulièrement exposé aux
hérésies. Il y enseigna jusqu'en 1576, date de son retour en Italie, où
il obtint la nouvelle chaire "de controverses" qui venait d'être fondée
au Collège Romain. Ses leçons donnèrent son De Controversiis christianae fidei adversus huius temporis haereticos, qui est la première tentative englobante de systématiser toutes les controverses doctrinales de l'époque, principalement liées au
protestantisme. L'ouvrage eut un retentissement immense, et des chaires
spéciales furent établies en Allemagne et en Angleterre pour le
réfuter. En 1588, Bellarmin devint le "Père Spirituel" du Collège
Romain, mais en 1590 il partit avec le cardinal Gaetano comme le
théologien de l'ambassade que Sixte V avait envoyée en France pour
protéger les intérêts de l'Eglise dans les troubles de la guerre
civile. C'est alors qu'il apprit que Sixte V proposa son ouvrage De
controversiis à l'index, la raison étant qu'il y défendait seulement un
pouvoir indirect du Saint-Siège sur les affaires temporelles (et non un
pouvoir direct). Le débat fut résolu par la mort de Sixte V, son
successeur Grégoire XIV approuvant l'ouvrage de Bellarmin. A son retour
à Rome, il siégea à la commission de la révision de la vulgate (promue
par le Concile de Trente). En 1592, il devient recteur du Collège
Romain, et en 1595 provincial de Naples. En 1597, le pape Clément VIII
le rappelle à Rome et fait de lui son théologien attitré et consulteur
au Saint-Office. Lors des congrégations De Auxiliis chargées d'examiner le problème de la grâce efficace et de la liberté suite à la publication de la Concordia de Luis de Molina, il est assesseur du président des congrégations, le cardinal Madruzzi. La position de Bellarmin était que la question doctrinale ne devait pas être décidée d'autorité, mais laissée à la discussion dans les écoles,
les parties en présence se voyant néanmoins fermement interdire de
censurer ou de condamner leurs adversaires respectifs. Clément VIII
partagea au départ cette position, mais par la suite préféra une
définition doctrinale. La présence de Bellarmin devint alors
embarrassante, et il fut nommé archevêque de Capoue (on parle de la
"disgrâce du cardinal"). En 1605, Clément VIII mourut, succédé par Leon
XI qui ne régna que 26 jours, puis par Paul V, et lors des deux
conclaves, le nom de Bellarmin fut fréquemment cité. Sa qualité de
jésuite joua cependant en sa défaveur aux yeux de nombreux cardinaux.
Il resta cependant le principal conseiller théologique du Saint-Siège,
et les congrégations De Auxiliis furent conclues avec un règlement dans
l'esprit de Bellarmin. Bellarmin continua à agir comme un grand
prélat politique dans une série d'affaires. En 1606 commença la lutte
entre le Saint-Siège et la République de Venise, qui avait abrogé la
loi d'exemption pour l'Eglise de la juridiction civile, ainsi que le
droit de l'Eglise a posséder de la propriété. Bellarmin mena
l'offensive, avec Baronius, par de nombreux pamphlets. A la même époque
eut également lieu l'affaire du serment d'allégeance qu'étaient forcés
de prendre les catholiques anglais. Le Saint-Siège interdit aux
catholiques de prendre ce serment, et Jacques Ier lui-même prit
l'offensive dans son Tripoli modo triplex cuneus, auquel Bellarmin répondit par un Responsio Matthei Torti. Alors qu'il était autrefois vu comme trop régaliste (1590), Bellarmin devient maintenant le symbole du papalisme.
Bellarmin ne vécut pas suffisamment longtemps pour connaître les phases
les plus sérieuses du procès de Galilée, mais en 1615 il participa à
ses débuts. Il avait toujours manifesté beaucoup d'intérêt à l'égard
des progrès de la science moderne, et était même entré en
correspondance avec Galilée. Il y estimait que si une théorie
scientifique entrait en contradiction avec l'Ecriture (comme
l'héliocentrisme de Galilée), elle devrait être avancée seulement à
titre d'hypothèse. Mais si cette théorie était fermement établie, alors
l'Ecriture devait être interprétée en accord avec celle-ci. Par un
excès opposé dans le sens inverse, lorsque le Saint-Siège condamna
l'héliocentrisme, c'est à Bellarmin qu'incomba de le signifier à
Galilée et de recevoir sa soumission. Il mourut en 1621, avant de voir
l'issue du procès.
Au cours de sa vie, Bellarmin s'était attiré une telle réputation que
dès 1627, Urbain VIII l'éleva au rang de Vénérable. Sa béatification a
ensuite été introduite plusieurs fois (1675, 1714, 1752 et 1832) mais a
suscité chaque fois des oppositions déterminées, il a finalement été
béatifié en 1923, canonisé par le Pie XI en 1931 et déclaré Docteur de
l'Eglise en 1932. Il est le saint patron des catéchistes.
Ses oeuvres sont très nombreuses. Des éditions complètes de ses Opera Omnia ont été publiées à Cologne (1617), Venise (1721), Naples (1856) et
Paris (1870). Oeuvres de controverse: Disputationes de Controversiis
Christianae Fidei adversus hujus temporis hereticos, très nombreuses éditions: Ingolstadt, (1586-89), Venice (1596), revue par l'auteur, Paris ou "Triadelphi" (1608), Prague (1721), Rome (1832); De Exemptione clericorum, et De Indulgentiis et Jubilaeo publiées comme monographies en 1599, puis incorporées aux De Controversiis; De Transitu Romani Imperii a Graecis ad Francos (1584); Responsio ad praeciupua capita Apologiae . . . pro successione Henrici Navarreni (1586); Judicium de Libro quem Lutherani vocant Concordiae (1585); quatre réponses aux écrits rédigés pour la république vénitienne par Giovanni Marsiglio et Paolo Sarpi (1606); Responsio Matthaei Torti ad librum inscriptum Triplici nodo triplex cuneus (1608); Apologia Bellarmini pro responsi one sub ad librum Jacobi Magnae Britanniae Regis (1609); Tractatus de potestate Summi Pontificis in rebus temporalibus, adversus Gulielmum Barclay (1610).
Ouvrages spirituels et de catéchèse : Dottrina Cristiana breve, et Dichiarazione più copiosa della dottrina cristiana (1598), deux ouvrages de catéchèse qui ont reçu l'approbation papale et ont été traduits en de nombreuses langues. Dichiarazione del Simbolo (1604), à l'usage des prêtres; Admonitio ad Episcopum Theanensem nepotem
suum quae sint necessaria episcopo (1612); Exhortationes domesticae, publiées seulement en 1899 par le P. van Ortroy; Conciones habitae Lovanii (1615); De Ascensione mentis in Deum (1615); De Aeterna felicitate sanctorum (1616); De
gemitu columbae (1617); De septem verbis Christi (1618); De arte bene moriendi
(1620). Ouvrages exégétiques : De Scriptoribus ecclesiast. (1615); De Editione Latinae
Vulgatae, quo sensu a Concilio Tridentino definitum sit ut ea pro authenticae habeatur, inédit jusque 1749; In omnes Psalmos dilucida expositio (1611).
Bibliographie
- J. Brodick, The Life and Work of Blessed Robert Cardinal Bellarmin, 2 vols. (London, 1928); X.-M. Le Bachelet, S.J., Bellarmin avant son cardinalat 1542-1598. Correspondance et documents (Paris, 1911); Id., Auctarium Bellarminianum. Complément aux Oeuvres du Cardinal Bellarmin (Paris, 1913); Id., Prédestination et grâce efficace. Controverses dans la Compagnie de Jésus au temps d'Acquaviva, 2 vols. (Louvain, 1931); E.A. Ryan, The Historical Scholarship of Saint Bellarmine (New York, 1936); S. Tromp, "Progressus doctrinalis in tractatibus S. Rob. Bellarmini de praedestinatione", Gregorianum 15 (1933), 313-355; R. de Le Court, "Saint-Robert Bellarmin à Louvain 1569-1576", RHE 28 (1932), 74-83; Louis Leahy, Dynamisme volontaire et jugement libre. Le sens du libre arbitre chez quelques commentateurs thomistes de la Renaissance (Bruges-Paris, 1963), 19-49; G. Galotea, Bellarmino contro Baio a Lovanio (Rome, 1966); V. Grossi, Baio e Bellarmino interpreti di S. Agostino nelle questioni del soprannaturale (Rome, 1968); L. Perrottet, "Un exemple de polémique religieuse à la fin du XVIe siècle: la défense de la tradition par Robert Bellarmin (1542-1621) et la république calviniste", Revue de théologie et de philosophie 114 (1982), 395-413; Manfred Biersack, Initia Bellarminiana. Die Prädestinationslehre bei Robert Bellarmin SJ bis zu seinen Löwener Vorlesungen 1570-1576, Stuttgart, 1989 [Historische Forschungen, 15]; G. Parotto, "Legge e obbligo in Roberto Bellarmino", Rivista internazionale di filosofia del diritto 1989, 95-130. Richard J. Blackwell, Galileo, Bellarmine and the Bible (Notre Dame, 1991); & Manfred Biersack, "Bellarmin und die Causa Baii", in M. Lamberigts (éd.), L'augustinisme à l'ancienne faculté de Théologie de Louvain, Leuven, 1994, 167-178; Lucien Ceyssens, "Bellarmin et Louvain. 1569-1576", in M. Lamberigts (éd.), L'augustinisme à l'ancienne faculté de Théologie de Louvain, Leuven, 1994, 179-205; Th. Dietrich, Die Theologie der Kirche bei Robert Bellarmin (1542-1621) (Paderborn, Bonifatius, 1999); R. Daly, "Robert Bellarmine and Post-Tridentine Eucharistic Theology", Theological Studies 61 (2000), 239-260. P. Godman, The Saint as Censor. Robert Bellarmine between Inquisition and Index (Leiden-Boston-Köln, 2000).
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- Biersack, Manfred, «Bellarmin und die 'Causa Baii'», dans: L'augustinisme à l'ancienne faculté de théologie de Louvain, Kenis, Leo; Lamberigts, Mathijs (éds), Leuven : Leuven University Press, 1994, 167-178
- Godman, Peter, The Saint as Censor. Robert Bellarmine Between Inquisition and Index, Leiden : Brill, 2000
- Motta, Franco, Bellarmino. Una teologia politica della Controriforma, Brescia : Morcelliana, 2005
- Motta, Franco, «Il serpente e il fiore del frassino. L’identità dei gesuiti come processo di autolegitimazione», in : Nunc alia tempora, alii mores. Storici e storia in età postridentina, ed. M. Firpo, Firenze, Leo S. Olschki, 2005, 189-210
- Broggio, Paolo, La teologia e la politica. Controversie dottrinali, Curia romana e Monarchia spagnola tra Cinque e Seicento, Firenze, Leo S. Olschki, 2009, 10, 32, 37, 39, 52-53, 55, 60, 72, 75, 99-101, 107, 119-121, 124, 126-129, 133, 166, 179-180, 183, 191
Manuscrits
- Commentarii in Summam S. Thomae (Louvain, 10.IX.1570-17.IV.1576), 4 vol. in-4°, Roma, Archivo Secreto Vaticano [contient vol. I : Ia pars, q. 1-119, 618 p.; vol. II : Ia-IIae, q. 55-114, 760 p.; vol. III, IIa-IIae, q. 1-63, a. 1-2, 780 p.; vol. IV, IIa-IIae, q. 63, a. 3-q. 118, 1668 p.]. [DThC II, 587].
- Sententiae D. Michaelis Baii doctoris lovaniensis a duobus pontificibus damnatae et a Roberto Bellarminio refutatae, 144 p., Bruxelles KBR, Ms. 4320 [DThC II, 587].
- De novis controversiis inter patres quosdam ex ordine praedicatorum et P. Molinam (ca. 1597), Roma, Biblioteca Corsini, Misc. Cod. 1323 ; autre exemplaire Roma, Biblioteca Vittorio Emmanuele, Mss. Gesuitici, Cod. 1493 (3622) [DThC II, 587].
Oeuvres imprimées
- De ascensione mentis in Deum per scalas rerum creatarum, Roma, 1615; traduction espagnole par le minime Lucas de Montoya en Ms. BNE 7784 : 1. f. 1-52v, Ascencion del entendimiento a Dios por escalas de la cosas criadas (1636-37).
- De aeterna felicitate Sanctorum libri quinque, Roma-Antwerpen, 1616, traduction espagnole par le minime Lucas de Montoya en Ms. BNE 7784 : 2. ff. 56-105: Los cinco libros de la eterna felicidad de los Santos o del Reino de Dios (1636-37).
- De arte bene moriendi libri duo, Roma-Antwerpen, 1620, traduction espagnole par le minime Lucas de Montoya en Ms. BNE 7784 : 3. f. 107-164, Los dos libros del arte de bien morir (1636-37).