



a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z
Ordre religieux : O.P.
Lieux d'activité : Valladolid, Rome
Notice biographique : *Miranda de Agra (Navarre) 1503, †Rome (Couvent de la Minerve) 2.V.1576. Célèbre théologien dominicain espagnol, devenu archevêque d’Espagne et primat de Tolède, puis soumis à un violent procès inquisitorial. Formé au collège des grammairiens d’Alcalá de Henares (1515), sous la direction de son oncle, le logicien Sancho Carranza de Miranda. Il entre ensuite au Colegio de Santa Catalina (1518), où il étudie les arts et la philosophie sous la direction d’Andrés de Almenara. A l’âge de 16 ans, il entre dans l’ordre dominicain (1520) au couvent de Benalaque (Guadalajara), où il poursuit ses études de philosophie et commence sa théologie. L’ordre l’envoie se spécialiser au Colegio de San Gregorio de Valladolid (1525), sous la direction de Diego de Astudillo, alors recteur du collège. Une fois ses études terminées, Bartolomé Carranza de Miranda commence à y enseigner, aux côtés de Melchor Cano, qui allait se révéler durant toute sa vie son rival tant en théologie que sur la scène politique et ecclésiale. En 1533, il est nommé maître des études et professeur sur la chaire de vêpres de théologie. Il devient également censeur et qualificateur de l’Inquisition. En 1536, à la mort de Diego de Astudillo, il lui succède sur la chaire de prime, alors que Melchor Cano reçoit alors la chaire de vêpres, moins prestigieuse. Lors du chapitre provincial de Benavente (1537), il sollicite la maîtrise en théologie, qui lui est finalement concédée à Rome lors du chapitre général de 1539, en présence de nombreux cardinaux. De retour en Espagne la même année, le chapitre provincial de Valladolid lui octroie la charge d’examinateur des prêcheurs et confesseurs de la province dominicaine d’Espagne, en même temps que Melchor Cano. Il continue à enseigner au Colegio de San Gregorio, commentant la Summa de Thomas d’Aquin : parmi ses élèves on trouve Juan de la Peña, Juan de Villagarcía et Pedro de Sotomayor. En 1545, Charles V lui écrit depuis Bruxelles pour lui donner l’ordre de voyager à Trente, afin d’assister au Concile qui se préparait. Bartolomé Carranza allait se révéler une des figures les plus importantes du Concile, et les chroniqueurs relèvent nombre de ses interventions brillantes. A son retour d’Espagne (1548), il est élu prieur du couvent de Palencia (1548) et définiteur au chapitre provincial d’Ávila (1548). Lors du chapitre de Ségovie (2.II.1550), il est élu prieur provincial de la province dominicain d’Espagne. Au cours des deux années suivantes, il est proposé comme confesseur du prince (le futur Philippe II) et comme évêque de Cuzco et des Canaries, charges qu’il refuse à chaque reprise. En 1550-1551, il est présent lors de la célèbre Junte de Valladolid qui avait cherché à résoudre la polémique sur les droits naturels des Indiens. En 1551, il retourne à Trente pour participer à une nouvelle série de sessions, sur ordre de l’Empereur. En 1553, il est régent surnuméraire du Colegio de San Gregorio de Valladolid. L’année suivante, toujours sur ordre de l’empereur, il embarque (12.VII.1554) depuis La Corogne pour l’Angleterre : il y est nommé vicaire pour l’ordre dominicain, dans le but de rétablir l’ordre en Angleterre et promouvoir la restauration du catholicisme. A Londres, il travaille au côté du nonce pontifical, le cardinal Pole, participe au synode de Londres (1555) et devient le confesseur de Marie Tudor, la seconde épouse (anglaise) de Philippe II. C’est durant cette époque anglaise qu’il rédige ses célèbres ‘Commentaires sur le catéchisme romain’, publiés à Anvers en 1558, œuvre qui marquera le début de ses ennuis doctrinaux. A son retour, et pour le récompenser, Philippe II le propose comme archevêque de Tolède (et donc primat d’Espagne), pour succéder à Juan Martínez Silíceo, charge qu’il finit par accepter : à cette fin, il est rapidement ordonné évêque le 27.II.1558 au couvent de Saint Dominique de Bruxelles, avant même de revenir en Espagne. Il exerce aussi la fonction de Conseiller de l’Empire en Flandres, alors que Charles V s’était déjà retiré à Yuste, laissant le trône à son fils Philippe II. Le 1.VIII.1558 il revient en Espagne (il débarque à Laredo), et parvient juste à Yuste pour avoir le temps d’assister à la mort de l’Empereur. Le 13.X.1558, il fait son entrée à Tolède comme évêque. Il allait à peine rester une année dans cette fonction : l’Inquisition espagnole, en pleine activité contre les foyers protestants en Castille découverts en avril 1558, prétend y voir apparaître à plusieurs reprises le nom de Carranza ainsi que son catéchisme. L’Inquisiteur Général Fernando de Valdés commence alors à préparer les matériaux du procès. Le 1.VIII.1559 est décidée son arrestation : il est arrêté la nuit du 23.VIII.1559 à Torrelaguna et conduit à la prison de l’Inquisition à Valladolid. Ce procès allait être l’un des plus retentissants de toute l’histoire de la ‘Suprema’ (et aussi les mieux documentés, vu la qualité littéraire des parties impliquées) : il est d’abord jugé pendant huit ans en Espagne (1559-1567). Son avocat principal fut son compatriote navarrais Martín de Azpilcueta, le célèbre casuiste, qui parvient longtemps à enrayer une condamnation. Le procès est ensuite transporté à Rome, sur ordre du pape Pie V : Carranza quitte sa prison espagnole pour celle du Castel Sant’Angelo de Rome. Le pape lui-même assiste à de nombreuses sessions et décider de dicter une sentence favorable à Carranza. La diplomatie exigeait que la décision soit d’abord communiquée au roi d’Espagne : l’ambassadeur chargé de ces missives tarda à revenir à Rome, et n’arriva qu’après la mort du Pie V en mai 1572. Son successeur, Clément XIII, voulut conclure l’affaire mais les ennemis de Carranza cherchèrent à retarder la sentence : finalement, c’est Grégoire XIII qui formule la sentence le 14.IV.1576, déclarant Bartolomé Carranza de Miranda « gravement suspect d’hérésie », exigeant une abjuration « ad cautelam » de 16 de ses propostions, alors même que son ‘Catéchisme’ avait été déclaré orthodoxe par le Concile de Trente en 1563. Martín de Azpilcueta fit encore le voyage à Rome, sur ordre de Philippe II, pour défendre son ami, et parvint finalement, au terme d’une défense brillante, à faire absoudre Bartolomé Carranza, peu avant de mourir. Libéré mais épuisé, Bartolomé Carranza de Miranda meurt au Couvent de la Minerve de Rome, où il est enterré (en 1993, ses restes furent exhumés et transportés à la cathédrale de Tolède).
Bibliographie
- Jericó Bermejo, Ignacio, "La fe según los comentarios al Catechismo Christiano de Bartolomé Carranza, O.P.", Scriptorium Victoriense 29 (1982), 21-70
- Homza, Lu Ann, Religious Authority in the Spanish Renaissance, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2000, passim
- Canal, M., «El proceso de Fray Bartolomé de Carranza y el P. Pedro de Soto», La Ciencia tomista 20 (1928), 349-359
- Tellechea Idígoras, José Ignacio, El proceso romano del Arzobispo Carranza (1567-1576), Roma, Iglesia Nacional Española, 1988
- Tellechea Idígoras, José Ignacio, El arzobispo Carranza y su tiempo, 2 vols, Madrid, Guadarrama, 1968
- Tellechea Idígoras, José Ignacio, El proceso romano del Arzobispo Carranza : las audiencias en Sant’Angelo (1568-1569), Roma, Iglesia Nacional Española, 1994
- Tellechea Idígoras, José Ignacio, «El proceso del arzobispo Carranza. ¿ Sentenciado en Roma o en España ? Dictamen reservado del doctor Navarro a Felipe II», in : Intolerancia e Inquisición, ed. J.A. Escudero, vol. I, Madrid, Sociedad Estatal de Conmemoraciones Culturales, 2005, 567-604
Manuscrits
- Carranza de Miranda, Bartolomé, Annotationes in IIam-IIae D. Thomae, Cod. Vat. lat. 4645
Oeuvres imprimées
- Carranza de Miranda, Bartolomé, La forma de rezar el rosario de Nuestra Señora, edición crítica e introducción de José Ignacio Telleche, Madrid - Salamanca, Fundación Universitaria Española - Universidad Pontificia de Salamanca, 1999