



a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z
Ordre religieux : O.P.
Lieux d'activité : Paris, Padoue
Notice biographique : *Toulon 1659, †Padoue (Italie) 12.III.1738. Célèbre dominicain, professeur de théologie à Padoue. Fils d’un médecin de marine de Toulon, entré jeune dans l’ordre dominicain, il est envoyé pour ses études à Paris, où il est formé par Noël ALEXANDRE (auquel il dédie une louange et dont il prendra la défense par la suite). Professeur de philosophie et prédicateur à Paris. En 1690, il est envoyé à Rome pour devenir théologien du cardinal Altieri et consulteur du Saint-Office, et fait partie de ce groupe de dominicains français influents à Rome, comme Antonin MASSOULIÉ et le P. Général de l’ordre, Antonin CLOCHE. Ce dernier le charge notamment en 1690 de préparer une deuxième édition de la grande Historie de l’Eglise de Noël Alexandre, condamnée en 1690 pour ses positions proches du gallicanisme. De retour à Paris en 1696, il y devient docteur en théologie de la Sorbonne (1697). La même année, il est appelé comme professeur de théologie à l’Université de Padoue, qui accueillait alors de nombreux dominicains français, et occupe la chaire jusqu’à sa mort (1738). Il est également nommé théologien de la Casanate à Rome en 1700. C’est grâce à son long séjour en Italie et dans les archives romaines que Serry put composer l’ouvrage qui le rendit célèbre : la première grande histoire des Congrégations romaines «de auxiliis» qui avaient opposé dominicains et jésuites pendant de longues années (1598-1606) autour de la question de la grâce, suite à la publication de la Concordia de Luis de Molina. L’ouvrage est incontestablement polémique et bien entendu favorable au point de vue dominicain : mais il s’agit en même temps d’un remarquable travail d’archives sur les immenses liasses d’actes laissées par ces congrégations romaines, et Serry publie ainsi de nombreux documents jusqu’alors inédits, dont les historiens allaient se servir (et plagier) jusqu’aujourd’hui. La première édition parut à Louvain en 1700, sous le pseudonyme d’Augustin Le Blanc, sous le titre Historia congregationum De auxiliis divinae gratiae. Le contexte de l’époque, surdéterminé par la question janséniste, était difficile : les ennemis de Serry ne tardèrent pas à laisser courir le bruit que l’ouvrage était en réalité « imprimé par les soins de Quesnel » (Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique pendant le XVIIIe siècle, t. IV, 2e éd., p. 167) et différents libelles, anonymes ou jésuites, se mirent à l’attaquer. C’est pour les réfuter que Serry publie en chez un imprimeur anversois 1709 une très belle deuxième édition augmentée et révisée, avec de nombreux appendices. Les polémiques ne cessèrent pas pour autant, à tel point qu’en 1731, un autre dominicain important, René BILLUART, publie encore une Apologie du thomisme triomphant, dans laquelle il justifie aussi l’Historia congregationum de Serry contre ses diverses attaques. Outre cette fameuse Histoire, Serry est également l’auteur de nombreux autres travaux : il donne notamment une nouvelle édition des œuvres de Melchor Cano (1692), qui fut en son temps déjà un grand adversaire des jésuites, et publie divers ouvrages polémiques, qui ont en général en commun de justifier la fidélité augustinienne de Thomas d’Aquin : D. Augustinus summus praedestinationis et gratiae doctor a calumnia vindicatus (1702), contre Jean de Launoy, puis plus tard un Divus Augustinus divo Thoma conciliatus ; Ambrosi Catharini vindiciae de necessaria in perficiendis sacramentis intentione, pour prouver l’orthodoxie de ce dominicain relativement indépendant du XVIe siècle ; Vrai sentiment des jésuites touchant le péché philosophique (Louvain, 1711), dont l’authenticité a longtemps été discutée, dans laquelle Serry s’attaque à la doctrine de l’ignorance invincible concernant certains préceptes de la loi naturelle et en retrace l’histoire dans toute la théologie des XVIe et XVIIe siècles (selon cette doctrine, les péchés commis par ceux qui ignorent Dieu ne sont pas des péchés au sens théologique du terme, mais des «péchés philosophiques», car opposés à certains préceptes fondamentaux de la raison). Enfin, sur la question du gallicanisme, M.-M. Gorce voit en Serry un dominicain « gallican habile et modéré ». En 1732, dans le climat de la bulle Unigenitus, Serry publie un De Romano Pontifice, d’apparence clairmeent ultramontaine, dans lequel il expose de façon très modérée la doctrine de la supériorité du pape sur les conciles : l’ouvrage fut finalement condamné par le Saint-Office le 14.I.1733, de même que sa Théologie suppliante aux pieds du souverain pontife pour lui demander l’intelligence et l’explication de la bulle Unigenitus (1726). Enfin, il publia également un travail biographique sur le jeune Thomas d’Aquin (Monachatus D. Thomae Aquinatis apud Cassinenses antequam ad dominicanum praedicatorum ordinem se transferret historica dissertatio, Lyon, 1724), dans laquelle il fit du jeune Thomas un moine bénédictin du Mont-Cassin. L’ensemble de ses opuscules a été publié dans une édition complète à Venise en 1745-1746.
Bibliographie
- DThC XIV/2 (1941), 1957-1963 (M.-M. Gorce)
Oeuvres imprimées
- Serry, Jacques-Hyacinthe, O.P., Historia congregationum de auxiliis divinae gratiae sub sub pontificibus Clemente VIII. et Paulo V. in quatuor libros distributa (…) cui praeterea accedit Liber quintus superiorum librorum apologeticus, Antverpiae, Sumptibus Societatis, 1709 [Paris, Bibl. Schmutziana]